Le passage du livre des Nombres que nous lisons aujourd’hui présente un schéma qui se retrouve à plusieurs reprises dans les récits du parcours du peuple hébreux dans le désert, dans leur chemin vers la Terre promise après la sortie d’Égypte : le peuple se plaint, pour différentes raisons (la faim, la soif, la fatigue,…), a presque envie de retourner en Égypte et commence à récriminer contre Dieu. Moïse intercède alors pour le peuple, le Seigneur lui pardonne et le chemin dans le désert peut continuer.
C’est ce qui se passe dans le passage d’aujourd’hui : le peuple commence à récriminer contre le Seigneur, qui semble se mettre en colère et envoie des serpents venimeux qui par leur piqure tuent de nombreuses personnes. Moïse intercède auprès de Dieu pour le peuple, qui lui dit de construire ce serpent de bronze, vers lequel devront se tourner ceux qui se feront piquer par les serpents. Ils seront alors sauvés.
Comment guérir un mal sans le connaitre ? C’est peut-être ce que nous invite à faire, pendant ce carême, ce passage du livre des Nombres. Regarder en face le mal n’est jamais chose facile, que ce soit dans notre propre vie, dans la vie de nos proches, de notre société, de l’Église. C’est pourtant nécessaire, c’est une des étapes vers le salut. Or la « politique de l’autruche », faire comme si rien ne s’était passé ou comme si ça n’avait pas d’importance, est parfois bien tentante.
Les serpents sont des animaux fuyants et rapides, le serpent en bronze, lui, ne bouge pas, on pouvait ainsi le fixer avec attention. Il faut du courage pour traverser le désert et ses épreuves ; il faut du courage pour regarder le mal en face, pour le fixer. Ce n’est pas agréable, mais c’est nécessaire. Non pas par un esprit d’auto-flagellation, mais pour lever ensuite le regard vers le Christ et recevoir le salut.
Père Jean-Marie Fornerod