Le passage de l’Évangile selon Matthieu que nous lisons aujourd’hui nous propose de considérer la figure de Judas Iscariote, un des personnages clés du début de la passion de Jésus. Figure qu’il n’est pas facile de considérer : il n’est jamais facile de se sentir à l’aise devant quelqu’un qui trahit une personne qui lui avait donné sa confiance.
Trois « composantes » devaient se mettre d’accord pour que la condamnation et la mort de Jésus puissent arriver : les chefs des prêtres, responsables religieux, l’ont décidée ; l’autorité judicaire et politique, représentée par les Romains l’a approuvée ; il fallait que quelqu’un parmi les compagnons de Jésus le livre, Judas s’en occupe. Le drame que vit Jésus consiste en partie dans cet abandon total : tous semblent se mettre contre lui. Il aurait fallu qu’une seule des composantes ne coopère pas pour que le complot contre Jésus ne fonctionne pas. Drame encore plus fort que la composante sur laquelle il aurait devoir pu compter, celle de son cercle proche, participe à ce complot contre lui. Judas faisait partie du groupe des compagnons fidèles de Jésus. C’est ce qui rend sa trahison si dramatique.
Une autre caractéristique de la figure de Judas est son amour de l’argent. Beaucoup de commentateurs de l’évangile se sont demandé ce qui a pu pousser Judas à faire une telle trahison. Or les textes évangéliques restent sobres et ne développent pas sur le sujet. Une chose ressort pourtant clairement : Judas aimait l’argent. L’évangile selon Jean l’affirme explicitement, Matthieu le présente ici comme vendant sa trahison pour trente pièces d’argent. C’est un fait qui doit nous faire réfléchir. L’argent, et la possession des biens matériels en général, exerce une forte attraction sur le cœur de l’homme. Au point, parfois, de passer devant tout le reste.