15 août 2021. Solennité de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie

Chers frères et sœurs, Les Jeux Olympiques de Tokyo qui viennent de s’achever ont été l’occasion d’une petite innovation. Il y a cent vingt-cinq ans, un Dominicain français, le R.P. Henri Didon, était venu offrir au Baron Pierre de Coubertin une devise pour les Jeux Olympiques que celui-ci venait de recréer : Citius, altius, fortius – plus vite, plus haut, plus fort. En cette année 2021, le Comité International Olympique a décidé d’y ajouter un mot : Citius, altius, fortius, communiter – plus vite, plus haut, plus fort, ensemble. Que l’on trouve où non la modification pertinente, il m’a semblé que cette anecdote était parlante en ce jour où nous fêtons la Solennité de l’Assomption de la Vierge Marie, lorsqu’au terme de sa vie terrestre, celle-ci a été élevée à la gloire du ciel non seulement en son âme, mais aussi en son corps. Cette vérité de foi pourrait apparaître comme un privilège un peu excessif, propre à susciter la jalousie. Marie serait-elle cette forte en thème à qui l’on fait sauter une classe, qui passe avant tout le monde et reçoit son diplôme avant les autres ? Pourquoi Marie, qui nous semble si proche, échapperait-elle à notre lot commun, celui de passer par la mort, avec tout ce que cela comporte d’inconnu et d’angoisse ? Qu’est-ce donc que la Solennité de l’Assomption peut avoir à nous dire aujourd’hui ? C’est là que les Jeux Olympiques me semblent utiles pour présenter Marie telle qu’elle est : notre championne. Et la devise olympique, revue et corrigée, s’applique à elle d’une façon toute spéciale. Citius, « plus vite » : le premier sentiment que l’évangile de ce jour nous présente, c’est l’empressement de Marie. Lorsque l’ange Gabriel lui annonce que sa cousine âgée, Elisabeth, est enceinte, Marie ne tarde pas. Vite, elle s’élance dans sur les chemins, vite elle se précipite auprès d’Elisabeth, vite, elle laisse éclater sa joie et partage enfin le secret qui les habite (littéralement !). Ce bel empressement va caractériser toute la vie de Marie, depuis son initiative à Cana pour susciter l’intervention de Jésus et sauver la noce, jusqu’à la croix où elle viendra en hâte, aux pieds de son enfant crucifié. Dans l’Assomption, nous fêtons Marie qui sans cesse prend les devants, qui nous précède et s’élance dans la vie éternelle, franchissant la première la ligne d’arrivée.Altius, « plus haut » : la course de Marie vers la maison d’Elisabeth se passe, précise saint Luc, dans la montagne de Judée. Le village supposé de la Visitation, Aïn Karem, est à cent-cinquante kilomètres de Nazareth, et à la fin, ça grimpe ! Et courageusement, Marie monte, monte, vers ce lieu de rencontre, verso l’alto. Si Marie jeune fille peut compter sur ses jambes pour affronter le dénivelé positif de la montagne de Judée, à la fin de sa vie elle se laisse faire, elle se laisse porter, pour le chemin qui mène plus haut encore, au ciel. Marie, comme on dit, a bien élevé Jésus ; et en retour elle a été élevée elle-même au plus haut de la gloire de son Fils. Elle nous oriente nous aussi vers une vie d’exigence et d’espérance, une vie dans laquelle chacun est tâche de donner le meilleur de lui-même, en sachant que c’est Dieu qui achève là-haut ce que nous commençons ici-bas. Fortius, « plus fort » : la première et la deuxième lecture n’éludent pas cette dimension essentielle de la vie chrétienne qu’est le combat spirituel. Sur le ring où combat son Fils, Marie combat avec lui, tandis qu’il met k.o. ses adversaires les uns après les autres ; « Car c’est lui qui doit régner jusqu’au jour où Dieu aura mis sous ses pieds tous ses ennemis. Et le dernier ennemi qui sera anéanti, c’est la mort… » Dans la grande vision de l’Apocalypse qui met aux prises une reine enceinte avec un dragon de feu, l’Eglise reconnaît une image de Marie dans ce combat qui continue avec le mal qui nous tient tête, Marie qui ne se laisse pas faire. Une enluminure du XIIIème siècle, décorant les Miracles de Nostre-Dame de Gauthier de Coincy, montre Marie collant au diable un uppercut en plein visage : en digne Mère de son Fils, elle fait sa part dans le sport de combat qu’est la vie chrétienne. Enfin, il y a communiter, « ensemble » : si Marie est championne toute catégorie de vitesse, de saut en hauteur et de boxe, ce n’est pas simplement pour elle-même. La voici couverte de médailles, « toute parée d’or » : et ces victoires, c’est pour nous qu’elle les a chèrement acquises. Quand un champion revient au pays, la foule l’acclame car c’est elle qui a triomphé, par lui, à travers lui. Quand Marie monte dans la gloire de son Fils, nous l’acclamons, car sa victoire est déjà la nôtre. Elle est la « parfaite image de l’Église à venir, [l’]aurore de l’Église triomphante… » Elle intercède pour nous, elle nous encourage et nous soutient dans les défis et les combats de notre vie ; debout sur le podium, c’est là qu’elle nous attend ! Amen.

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