24 mars 2024 – Dimanche des Rameaux et de la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ

Chers frères et sœurs,

Que c’est bien joué… que c’est mal joué !

La sincérité ne fait pas tout, mais elle compte. La procession de Jésus entrant dans Jérusalem est bien jouée, elle est belle, parce que la joie qui l’entoure est sincère : ils y croient, ceux qui l’acclament, qui font de leurs manteaux un tapis et qui agitent leurs rameaux sur son passage.

La farce de la Passion est mal jouée, elle est sinistre, parce que c’est le festival du mensonge assumé, où tout a une saveur de parodie : la parodie de l’amitié, par le baiser de Judas ; la parodie de la justice, avec cette arrestation nocturne, ce procès bâclé et cette condamnation arrachée au gouverneur romain ; la parodie de la royauté, sous la forme d’un vrai manteau rouge sang et d’une fausse couronne, tressée d’épines. Pour ne rien dire du Grand Prêtre qui cabotine à mort en déchirant son vêtement, qui surjoue la colère, faute d’avoir du talent…

Les ennemis de Jésus sont des acteurs de pacotille, de nanar, de série Z : ils jouent mal la comédie. Pour être exact, c’est de Jésus qu’ils se jouent : ils le trompent, ils le moquent, ils le tournent en dérision. Pas besoin d’être sociétaire de la Comédie Française quand on fait le jeu du mensonge grossier, quand on ne cache pas son injustice. En 1813, Napoléon, qui retenait prisonnier au Château de Fontainebleau, était venu lui mettre la pression pour obtenir de lui une signature à son projet de concordat. Pour arriver à ses fins, il se montrait tour à tour doux et flatteur, brutal et menaçant, surjouant les émotions. Le vieux Pontife, avec un petit sourire, ironisait en murmurant : « Commediante ! Tragediante ! » « Quel comédien ! Quel tragédien ! »

Chaque année depuis deux mille ans, nous aussi, nous jouons la Passion ; lue à plusieurs voix, dans son intégralité, elle reprend vie sous nos yeux. L’avons-nous bien jouée ? N’avons-nous pas été trop commediante-tragediante ? La question n’est pas d’ordre artistique, mais spirituelle : avons-nous vraiment cru à ce que nous avons lu, à ce que nous avons entendu ? Jouer la Passion, et même jouer à la Passion, ce n’est pas s’en moquer, mais c’est la vivre personnellement, comme l’histoire de Jésus au cœur de notre histoire. Jouer, c’est une activité d’enfant, donc cela nous concerne tous : jouer la Passion, c’est prendre l’amour de Dieu au sérieux, sans nous prendre nous-mêmes au sérieux. Jouer la Passion, c’est la vivre de façon passionnée, comme elle devrait l’être toujours. À la porte des patronages qu’il avait fondé pour les jeunes de Marseille, le Père Jean-Joseph Allemand avait fait écrire : « Ici on joue, ici on prie » : voilà qui résume parfaitement ce que nous vivons aujourd’hui, à la porte de la Semaine Sainte.

Ici on joue, ici on prie. Notre jeu et notre prière de ce jour nous préparent à vivre Pâques avec un cœur d’enfant, plutôt que comme de médiocres commedianti-tragedianti. Car notre jeu EST notre prière : Ici on joue, ici on prie.

Amen !

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