6 juin 2021. Dimanche du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ

Chers frères et sœurs,

Aimez-vous les dîners clandestins ? Réfléchissez bien avant de répondre, c’est un sujet sensible… Il y a deux mois, c’est précisément une affaire de dîners clandestins qui faisait la une des journaux. Un collectionneur d’art avait, disait-on, organisé dans le plus grand secret un repas gastronomique pour quelques membres de la haute société parisienne, en pleine période de couvre-feu et de fermeture des restaurants. Il y avait tous les éléments pour une histoire qui se vend bien : du champagne, des célébrités et du mystère. Finalement, ces repas interdits ont-ils bel et bien eu lieu ? Comme personne ne m’y a invité, je ne pourrai pas vous répondre. Je constate simplement que, deux mois après, personne n’en parle plus. Alors que, chaque dimanche, nous parlons d’un autre repas clandestin, qui pourtant s’est tenu il y a très longtemps et très loin d’ici. Mieux : nous ne nous contentons pas d’en parler, nous le revivons, nous y sommes invités et, en ce dimanche du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ, nous le fêtons particulièrement.

Si vous souhaitez organiser vous-même un dîner clandestin, il vous faudra être très organisé, très discret et très malin. Vous devrez apporter une grande attention à tous les détails ; prévoir des complices, les former, faire passer les informations, ne pas se faire repérer. Les scouts ont une certaine expérience de ces choses-là : quand ils organisent un grand jeu, ils préparent avec un très grand soin les signes de piste : ces symboles – des bâtons disposés en forme de flèches, des rubans de couleur, des pierres empilées –disposés aux endroits stratégiques pour qu’un autre scout un peu futé puisse les trouver et les décrypter, afin de savoir ce qu’il doit faire. C’est tout un art ! Dans l’évangile de cette fête du Saint-Sacrement, Jésus montre qu’il aurait été un très bon chef scout : ne se contente pas d’indiquer à ses disciples l’adresse de la maison où se passera le repas pascal, mais il les envoie dans une aventure où tout a été planifié. Ils devront aller en ville, reconnaître un homme dans la foule, le suivre sans lui parler, entrer dans une certaine maison et donner au propriétaire un étrange mot de passe. Alors seulement, les disciples pourront préparer le repas clandestin pour Jésus et ses apôtres. 

Aujourd’hui, donc, nous nous souvenons que la première eucharistie a été un repas clandestin. Jésus était en danger, et à Jérusalem beaucoup de monde voulait mettre la main sur lui : mais avant d’être arrêté, il avait besoin de ces quelques heures pour vivre avec ses apôtres ce repas de la Pâques, signe du don de sa vie. Cet évangile nous montre que, s’il avait à Jérusalem beaucoup d’ennemis, Jésus bénéficiait manifestement de tout un réseau d’amis, qui ont pris de grands risques pour l’accueillir et pour lui permettre de célébrer ce repas. Je vous demandais si vous aimiez les dîners clandestins ; permettez-moi de vous poser une deux autres questions : à votre tour, pour participer à la messe, quels risques seriez-vous prêts à courir ? Et, pour permettre à quelqu’un que vous aimez de venir à la messe, quels efforts seriez-vous prêts à consentir ?

A quatre kilomètres d’ici, dans une petite rue d’Écully, se trouve la maison où saint Jean-Marie Vianney a vécu sa première communion, un jour du mois d’août 1799. C’était en France l’époque du Directoire, et l’Église était persécutée. C’est donc en secret qu’un prêtre clandestin, l’Abbé Groboz, était venu dans une maison particulière, à la période des moissons, de manière à bloquer la porte au moyen d’une charrette de foin, pour que les voisins ne se doutent pas qu’une messe interdite avait lieu. Tout avait dû être organisé jusque dans les moindres détails. Ainsi, à 13 ans, Jean-Marie Vianney découvrait combien l’eucharistie était quelque chose de précieux, qui peut coûter cher, et qui mérite que l’on prenne des risques !

Chers Elisa, Géraud, Titouan, Charlotte, Augustine, Adélaïde, Bastien, Louis, Timothée, Juliette, Elisa, Raphaël, Léana et Titouan, je suis heureux que, ce matin, vous n’ayez pas besoin de vous cacher de la police pour faire votre première communion. Cependant, je voudrais vous inviter à rendre grâces pour les signes de piste qui, depuis votre naissance, vous ont préparé à ce grand jour et vous ont mené jusqu’à l’eucharistie. Au début, ce sont vos parents qui vous ont dit où aller, et progressivement vous avez trouvé vous-mêmes les indices qui vous ont donné envie d’aller plus loin, et qui vous ont amené jusqu’à cette église, la grande salle où Jésus vous attend pour partager avec vous le repas de Pâques.

L’eucharistie que vous allez recevoir est elle-même un signe de piste. Elle vous conduit à une rencontre personnelle avec Dieu. Dans l’évangile, Jésus se présente comme « le Maître » : celui qui a une autorité sur notre vie, une autorité qui vient de sa bonté. Dans le grand jeu de piste qu’est votre vie, l’eucharistie est une flèche qui vous indique dans quel sens aller, vers Dieu, vers une vie d’autant plus belle qu’elle est donnée, par amour. Bonne piste à vous !

Amen.

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