9 Janvier 2022 – Baptême de Notre-Seigneur Jésus-Christ

Chers frères et sœurs,

En célébrant aujourd’hui la fête du Baptême du Christ, nous allons jusqu’au bout de Noël. Noël ne se limite pas à la nuit de la Nativité ; Noël signifie le long processus qui fait entrer le Christ dans le monde. La Nativité, la visite des Mages, la Présentation au Temple, la fuite en Égypte, l’enfance à Bethléem, le déclic à douze ans dans le Temple de Jérusalem, et enfin – à trente ans environ – le baptême par Jean-Baptiste dans le Jourdain : tout cela, c’est Noël. En somme, Noël, c’est tout le temps de la minorité de Jésus, ce temps d’apprentissage et de préparation à sa mission future ; et Pâques, c’est le temps de sa vie publique, de sa vie donnée, jusqu’à la mort et à la résurrection. Ce matin, c’est encore Noël : donc, joyeux Noël ! Lorsque quelqu’un a fini son apprentissage et qu’il est prêt à entrer en scène, à se lancer sans filet, à qui faut-il le dire ? A lui seulement, ou bien à ses proches, ou bien à tout le monde ? Jésus passe de la minorité à la majorité, et cette question se pose. Car un détail, petit mais significatif, distingue les trois récits du Baptême reçu par Jésus, dans les évangiles synoptiques. Lorsque saint Marc le raconte, il rapporte que la voix venue des cieux déclare : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. » Dans ce cas, Dieu le Père parle à son Fils, directement, en présence du seul Jean-Baptiste. En saint Matthieu, la même voix dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie. » Ce n’est plus au Christ qu’elle s’adresse, mais à ceux qui sont autour de lui : Jean-Baptiste, et, on peut le supposer, d’autres nouveaux baptisés, qui peuvent être à proximité. Enfin, saint Luc va plus loin. La voix du Père s’adresse bien à Jésus : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. » Mais Jésus est indissociable de ce peuple qui prend forme autour de lui, ce peuple « en attente ». La manière dont saint Luc décrit la scène – « Comme tout le peuple se faisait baptiser, et qu’après avoir été baptisé lui aussi, Jésus priait… » – donne l’impression que Jésus est descendu dans le Jourdain en s’insérant dans la queue des gens ordinaires qui les uns après les autres passent devant Jean-Baptiste pour être baptisés. Et si en ces jours-ci il vous arrive de devoir faire pendant une heure la queue devant une pharmacie en quête d’un test PCR, et que cela vous fatigue et vous énerve, prenez courage en vous disant que Jésus, lui aussi, a fait la queue ! Dans le Baptême du Christ, nous allons jusqu’au bout de Noël en ce sens que nous saisissons jusqu’au bout ce qu’est l’Incarnation : en Jésus-Christ, Dieu s’est fait homme de manière pleine et entière, et il a voulu faire corps avec son peuple. C’est au sein de ce peuple unifié par la foi et l’attente de Dieu qu’il peut être révélé, et c’est pour ce peuple en même temps que pour lui que la voix du Père se fait entendre, par l’Esprit-Saint qui se manifeste. Il est vraiment l’Emmanuel, « Dieu-avec-nous ».C’est ce qu’illustre d’une manière très concrète les crèches provençales. En plus des personnages traditionnels de la crèche – l’enfant, Marie et Joseph, l’âne et le bœuf, les bergers et les rois mages – les santons qui peuplent la crèche provençale représentent ce peuple en attente, nombreux et foisonnant, dans toute sa diversité de métiers, de cultures, de postures et de styles. Dans la Pastorale des Santons de Provence, écrite à Marseille en 1844 par Antoine Maurel, chacun des santons vient à son tour se présenter, avec son caractère propre et surtout avec son désir personnel de rencontrer le Christ : un vrai « peuple en attente » ! Chacun se laisse appeler à la rencontre du nouveau-né et passe de l’attente à l’adoration. Eux, ces simples, ces petites gens, ils ont compris et ils ont vécu dans leur chair la parole du Père : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »Dans la grande crèche de notre église [Saint-Blaise d’Écully, NDLR], nous avons le minimum vital en termes de personnages. Tant pis, ou peut-être, tant mieux : car les santons qui viennent aujourd’hui compléter la crèche, c’est vous, les baptisés, des santons en chair et en os ! Quand, dans quelques semaines, sera venu le temps de ranger votre crèche dans un placard, n’allez pas vous aussi rentrer dans votre boîte, mais, en tant que santons vivants, portez la bonne nouvelle au monde de la présence de l’Emmanuel au milieu de son peuple. Car, comme l’écrit saint Paul à Tite, c’est pour tous que la grâce de Dieu s’est manifestée, pour que nous puissions tous aller au bout de Noël. Les baptisés, l’Emmanuel les invite à déployer pleinement les grâces et les promesses reçues au jour de leur baptême. Les non-baptisés, l’Emmanuel a très envie de les emmener jusqu’au bout. Et donc, il va continuer à le faire ! Amen.

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