Dimanche 10 mai

L’homélie ser

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L’Evangile, aujourd’hui, nous mène à Jérusalem, au Cénacle. Judas s’en est allé dans les ténèbres, les Apôtres ne sont plus que onze. Les portes ne sont pas encore verrouillées par la peur, comme elles le seront plus tard. Elles ne sont pas non plus franchement ouvertes. Tout juste procurent-elles l’intimité à Jésus et aux siens, tout juste nous permettent-elles d’entrevoir la scène qui se déroule maintenant.

La coupe, le plat, les restes du repas sont encore sur le tapis autour duquel Jésus et les Douze s’étaient allongés pour diner. Dans un coin de cette chambre haute, une bassine d’eau reste, à même le sol, un linge humide et chiffonné traine à côté. C’est le linge que Jésus s’était noué à la ceinture, il l’a abandonné là, comme sa vie, qu’il se prépare à donner jusqu’au bout, pour les siens, par amour.

La scène qui se déroule maintenant est donc l’un des derniers entretiens de Jésus avec ces onze, quelques heures avant son arrestation au Jardin des oliviers.

Jésus évoque son départ, tout proche. Il évoque la maison de son Père avec ses nombreuses demeures où il se rend pour préparer une place aux Apôtres, puis il reviendra les chercher pour les y conduire afin qu’ils soient réunis avec lui. Puis il conclut : « Pour aller où je vais, vous savez le chemin. » Thomas va mettre les pieds dans le plat, en protestant naïvement que ses compagnons et lui ne savent pas où il va et ne connaissent pas le chemin. La question nous vaut l’admirable réponse du Maître : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie… » Mais cela reste bien énigmatique. Comment un homme peut-il prétendre être une route à suivre, comment peut-il s’identifier à la Vérité, comment peut-il être la source de toute vitalité ?

Dans la suite de cet entretien Jésus explique cette déclaration.

« Je suis le Chemin… » et il continue : « Personne ne va vers le Père sans passer par moi. »

Comme dimanche dernier, Jésus disait : « Je suis la porte des brebis », aujourd’hui encore il se présente comme le guide et le passage indispensable pour accéder au Père.

« Je suis la Vérité » puis il commente : « Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. » Jésus se présente comme l’image parfaite du Père, ajoutant « Je suis dans le Père et le Père est en moi ! » Le connaitre et recevoir son enseignement, c’est connaitre le Père.

« Je suis la Vie », Jésus commente encore : « Dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez     vu. » Comprenons : accueillir le Christ, c’est faire l’expérience de la Présence du Père.

Jésus affirme qu’il est le seul chemin, la seule vérité, la seule vie. Ce caractère exclusif doit être pour nous l’occasion d’approfondir notre foi : connaitre le Christ qui guide les hommes vers le Père ; écouter le Christ, Parole Vivante du Père ; reconnaitre dans le Christ la Présence du Père, suivre le Christ qui est le terme du Chemin.

L’apôtre Pierre, dans la deuxième lecture, va encore plus loin dans l’affirmation que le Christ est le seul qui permet aux hommes de réaliser leur destin.  

Il reprend le message de Jésus et l’exprime avec l’image de la pierre d’angle. Il montre comment le destin de tout homme dépend de son acceptation ou de son refus de cette pierre. L’Apôtre Pierre décrit cette pierre angulaire nécessaire à la construction de l’édifice qu’est l’Eglise. Ceux qui acceptent et reconnaissent cette pierre d’angle passent « des ténèbres à l’admirable lumière de Dieu », ils sont intégrés à la « nation sainte » au « peuple destiné au salut », ils deviennent témoins des merveilles de Dieu. C’est ainsi que Pierre décrit l’Eglise, l’ensemble de ceux qui ont choisi le Christ comme leur chemin, leur vérité, leur vie, ils en ont aussi fait la pierre angulaire de leur existence.

Ce langage apparaîtra un peu triomphaliste à qui regarde avec les yeux de l’observateur extérieur, mais c’est le langage de ceux qui regardent l’Eglise avec les yeux de la foi.

Avec les yeux de la foi, nous savons que l’Eglise est en chemin sur la terre, avec ses carences. Nous savons qu’elle est une Eglise de pécheurs. L’Apôtre Pierre ne le savait que trop bien, lui qui écrivait ses lignes. Il savait cela dans son itinéraire personnel, et dans son expérience communautaire.  

Sans compter que ce même Pierre avait aussi été un témoin de cette triste histoire rapportée par le passage des Actes des Apôtres que nous avons entendu : « les frères de langue grecque récriminèrent contre ceux de langue hébraïque, parce que les veuves de leur groupe étaient désavantagées dans le service quotidien. » Voilà qui en dit long sur les mesquineries, les vanités, les conflits et les manques de charités dans cette communauté primitive que nous avons souvent tendance à idéaliser.

Les troubles étaient tels que les Apôtres (redevenus Douze à la suite du choix de Matthias) durent se réunir : « Il n’est pas bon que nous délaissions la parole de Dieu pour servir aux tables. Cherchez plutôt, frères, sept d’entre vous, des hommes estimés de tous, remplis d’Esprit Saint et de sagesse, et nous les établirons dans cette charge. »

Les lectures de ce dimanche, nous aident à comprendre davantage l’importance de notre adhésion personnelle au Christ : Chemin, Vérité, Vie. Et nous comprenons davantage comment cette fidélité personnelle au Seigneur se réalise par notre appartenance à l’Eglise où la charité fraternelle est parfois difficile mais toujours féconde.

S’il est vrai que le destin de tout homme dépend de son acceptation ou de son refus de connaitre le Christ, et bien, c’est à nous aujourd’hui, à la suite des Apôtres, qu’il revient d’annoncer que le Christ est « le Chemin, la Vérité et la Vie », que personne ne va vers le Père sans passer par lui. Il convient que nous soyons témoins des merveilles de Dieu.

Pour que la charité fraternelle soit effective, les paroles du Jeudi Saint doivent toujours résonner dans nos cœurs, et, en chaque Eucharistie que nous célébrons, nous devons nous souvenir de la bassine d’eau et du linge du serviteur, de sorte que nous soyons « une descendance choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple destiné au salut » sans triomphalisme, maisdans l’humilité.

Jésus évoque la maison de son Père où une place est préparée pour tout homme disposé à accueillir son message, à chercher à mieux le connaitre, à le suivre. Avec les Apôtres, restons assidus à la prière, car, dans la prière, nous sommes déjà à notre place.

Frères et sœurs, annonçons les merveilles de celui qui nous a appelés des ténèbres à son admirable lumière !

Amen.

P Thierry Coquard

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