Dimanche 13 septembre-Vingt-Quatrième Dimanche du Temps Ordinaire

Vivre dans un univers de grâce

Introduction

Chers frères et sœurs, nous sommes invités aujourd’hui à choisir l’univers dans lequel nous voulons vivre, l’univers de la grâce ou l’univers de notre monde.

L’évangile d’aujourd’hui commence, en effet, par une question de Pierre : « Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? » Le chiffre 7 est symbolique, il signifie ici « beaucoup ». Pierre veut donc savoir, si moralement il doit beaucoup pardonner ou non. Or, la réponse de Jésus est radicale : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à 70 fois sept fois ».

Pour justifier ce chiffre excessif il raconte une parabole. Or, par cette parabole Jésus déplace la question de Pierre. Pierre posait une question morale : « est-ce que je dois ? » La réponse de Jésus ne se situe pas sur ce plan des valeurs (il est bon de pardonner, c’est mal de ne pas le faire). Non, l’enjeu de cette parabole est de distinguer deux royaumes, deux univers, et de montrer qu’entre les deux nous devons choisir.

Deux univers opposés

En effet, Jésus commence la parabole en présentant l’univers du Roi. Ce roi règle ses comptes avec ses serviteurs. Il y en a un qui doit dix milles talents, et, chose étonnante, après que l’homme a supplié de lui concéder un délai, le Roi ne lui consent pas juste un délai, il remet entièrement sa dette.

Qu’en est-il du monde du serviteur ? Ce serviteur en sortant trouve un de ces compagnons qui lui doit 100 pièces d’argent. Il ne lui demande pas des comptes, mais « il se jeta sur lui pour l’étrangler ». Son compagnon réagit comme lui précédemment : « accorde-moi un délai ». La réponse est très différente « l’autre refusa et le fit jeter en prison ».

Quelles sont les caractéristiques de ces deux univers. La principale caractéristique de l’univers du roi est qu’il semble y avoir des ressources inépuisables. En effet, il est fou que la dette du serviteur ne manque pas au Roi. L’absence des 10 000 talents ne semble pas lui porter préjudice. L’univers du serviteur est différent : le manque d’argent semble manquer terriblement (« se jeter pour l’étrangler »), la dette doit donc être remboursée de manière pressante !

Le pardon est une question de foi

Comme je vous le disais cette parabole distingue donc deux univers : l’un où le pardon est présent, l’autre ou il est absent. Le pardon est présent dans l’univers du Roi car dans cet univers les ressources étonnamment semblent inépuisables. Par cette parabole Jésus nous aide à découvrir que la question du pardon n’est pas d’abord une question de valeur mais une question de foi. Il ne suffit pas simplement d’avoir de la bonne volonté pour pardonner, il faut encore en avoir la capacité. Le mal crée un manque, un préjudice, je peux pardonner si je sais si ce manque va pouvoir un jour être comblé. Autrement dit, le pardon n’est possible que dans un univers où il peut y avoir du neuf, de la nouveauté. Il y a donc un lien intrinsèque entre notre foi en un Dieu créateur qui est capable de faire apparaître quelque chose à partir de rien, qui est capable de tirer la vie de la mort et notre capacité à pardonner. L’univers du Roi est l’univers de la grâce.

Un univers sans créateur entraîne un agir qui n’est pas mauvais, qui est même très logique, œil pour œil, dent pour dent, un monde où chaque dette doit être remboursé car sinon nous subissons un manque préjudiciable pour nous. L’univers de ce serviteur est tout simplement notre monde : nos sociétés, nos entreprises, nos rapports familiaux et amicaux sont régis par ces principes que chaque dette doit être remboursée, car n’avons pas des porte-monnaie inépuisables.

Choisis ton univers !

Cependant la pointe de la parabole n’est pas simplement de distinguer ces deux univers, mais de nous interpeller en nous disant que nous devons choisir dans quel univers nous voulons vivre, car nous ne pouvons pas vivre dans les deux. En effet, que reproche le Roi précisément à son serviteur ? « Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ? ». Le reproche fondamental est de n’avoir pas agi comme le Roi a agi envers lui. C’est la non-coïncidence qui est répréhensible. La fin de la parabole le montre très bien. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, elle n’est pas dur, simplement logique : le Roi prend l’attitude d’un roi dans l’univers de ce serviteur : « son maître le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il eût remboursé tout ce qu’il devait ».

Ainsi, la parabole nous met en garde : vivre dans l’univers de la grâce où dans un univers à hauteur d’homme il faut choisir : soit je crois que je vis dans un monde où du neuf peut intervenir et donc où je peux être pardonné mais donc où aussi je pardonne moi-même à mes frères ; soit je ne le crois pas et alors non seulement je ne pardonne pas aux autres mais surtout je ne crois pas que je puisse être pardonné moi-même.

Dureté, foi et sacrement de réconciliation

Dit d’une autre manière, ce qui montre aux autres (et ce qui me fait prendre conscience à moi-même) que je crois en l’existence d’un Dieu infini et bon est mon attitude miséricordieuse envers les autres. Une attitude dure envers notre entourage a pour origine bien souvent, au-delà de nos fragilités, un manque de foi en la toute puissance de Dieu capable de faire surgir du neuf.

Voilà pourquoi chers amis, je voudrai vous inviter à repérer dans votre vie vos attitudes dures, les moments où vous sentez que vous n’êtes pas capables de pardonner, de passer sur un manquement. Souvent nous fuyons ce regard lucide sur notre propre vie car nous ne voyons pas de chemin de transformation. Or, si la dureté vient d’abord d’un manque de foi, un chemin de conversion est possible ! Il s’agit simplement d’expérimenter la bonté toujours nouvelle de Dieu.

Pour cela je crois que la meilleure manière est de vivre régulièrement le sacrement de réconciliation. Par la répétition du sacrement de réconciliation, je prends conscience que l’amour de Dieu est inépuisable. Quand je viens 10, 20, 50, 100, 1000 ou 10 000 fois me présenter à Dieu pour confesser mes péchés, se creusent en moi la certitude de la bonté inépuisable de Dieu. La répétition du sacrement de réconciliation m’ancre de manière profonde dans l’univers de la grâce.

Conclusion

Chers amis, de l’évangile de ce dimanche retenons donc cette Bonne Nouvelle : la bonté inépuisable de Dieu. Dieu est capable de remettre tous les péchés car il est capable de faire surgir du neuf, car il est infini et bon, le croyons-nous ?

Accès rapides

Le denier

Newsletter

Recevez les dernières actualités et la feuille d'informations directement dans votre boîte mail.

🍪

Ce site utilise des cookies pour améliorer votre navigation.