Dimanche 15 novembre-Trente-Troisième Dimanche du Temps Ordinaire

Chers amis est-ce que Dieu est exigeant envers nous ? La parabole d’aujourd’hui vient battre en brèche une image un peu guimauve de Dieu, un « joyeux père Noël » mou. Le Dieu que décrit Jésus à travers le maître de la parabole est bien différent, on a en effet l’impression que ce maître est très exigeant : « serviteurs mauvais et paresseux » s’entend dire le troisième serviteur.

En fait, cette parabole nous a accueillir que Dieu exige de nous que nous soyons des saints, pas moins que cela, mais que cette exigence n’est pas une exigence de type permis de conduire à passer, mais plutôt d’une graine donnée.

À qui appartiennent les talents ?

En effet, lorsque nous écoutons pour la première fois cette parabole, nous nous mettons en général dans la peau du serviteur qui n’a reçu qu’un talent. Nous pouvons comprendre que face à un maître dur, il est peur de perdre le talent confié et donc qui l’enfouisse dans la terre. À l’inverse nous trouvons le maître bien exigeant envers cet homme. En effet, il ne lui a pas fait perdre d’argent pourtant son maître n’est pas content.

Cependant est-ce vraiment cela que nous a raconté le Christ ? En la comprenant de cette façon ne tombons-nous pas justement dans l’illusion du troisième serviteur ? En effet, toute cette compréhension repose sur le fait de croire que le maître a seulement « confié » le talent, et donc qu’il n’appartient pas au serviteur. N’est-ce pas cela qu’il dit à son maître quand celui-ci revient : « Le voici. Tu as ce qui t’appartient. ». Et pourtant est-ce vraiment le cas ?

Si nous prenons le temps de regarder les autres serviteurs nous voyons que les choses semblent différentes. En effet, ces derniers ne rendent pas leurs talents au maître, ils lui font constater : « Tu m’as confié cinq talents ; voici j’en ai gagné cinq ». En ce sens, le maître à la fin demande à ce qu’on retire le talent du troisième serviteur pour le « donner » à celui « qui en a dix ». Les dix talents lui appartiennent donc bien. [Il est vrai qu’on est trompé par la traduction, en grec, plus littéralement il est dit que le maître leur « livra » ses biens, et qu’il « donna »à l’un 5 talents.]

Le « talent » donné

Chers frères et sœur toute la parabole repose sur cette illusion. Le 3ème serviteur a agi d’une manière complètement incohérente car il n’a pas pris conscience que le « talent » lui appartenait. Or, nous sommes nous aussi aujourd’hui invité à sortir de cette illusion : prendre conscience que les « talents » donné par Dieu nous appartiennent véritablement est essentiel pour notre vie chrétienne.  

En effet, que représentent ces talents qui sont confiés par le maître ? Trop souvent hélas, on entend qu’il s’agit de nos « talents ». Or, ce ne sont justement pas nos talents humains, dans la parabole les talents humains correspondent aux capacités différentes de chacun des serviteurs. Les talents que le maître confie à ses serviteurs se sont ses biens à lui. Autrement dit, ce sont ses grâces, c’est-à-dire tous ces cadeaux qui font entrer en nous sa vie divine, qui nous rendent saint. Ce sont par exemple les grâces des sacrements, ou les grâce personnelles reçues, les moments où nous avons perçu sa présence, les événements qui nous ont fait changer de vie, nous convertir…

La sainteté : permis ou graine

Vous comprenez donc que la question de l’exigence de la sainteté se comprend de manière toute différente avec cette parabole.  Comme je vous le disais, l’exigence de la sainteté nous devons non pas la vivre comme un permis à passer mais comme une graine donnée.

Pour passer un permis il faut avoir un certain nombre de point, mais en général nous sommes stressés parce que nous savons qu’en faisant une grosse erreur nous pourrons tout perdre, et cette peur peut complètement nous paralyser. Hélas trop souvent nous vivons l’exigence de la sainteté comme le passage d’un permis : nous tentons d’atteindre un niveau suffisant, mais ce que nous redoutons c’est surtout de commettre une grosse faute qui nous éliminerai.

L’exigence de Dieu vis-à-vis de nous ressemble plus à un père qui nous donnerait une graine. Cette graine nous appartient, il y a aucun risque de la perdre, elle ne se détériore pas. Simplement si nous n’osons pas la planter et en prendre soin, nous ne pourrons jamais avoir la joie de voir qu’elle devient un arbre. Les enfants disent avec raison « donner c’est donner, reprendre c’est voler ». Dieu donne mais ne reprend pas. Voilà pourquoi, pour nous être des saints cela ne consiste pas à passer un permis mais à déployer un don que rien ne peut nous enlever, et cela change tout.

Le critère de la joie

Certains se diront peut-être que cela ne change pas vraiment grand-chose : en définitive, il va bien falloir faire des efforts. Certes, il y a un travail. Néanmoins je crois que cette prise de conscience peut nous aider sur deux points concrets.

Premièrement cela doit nous aider à ne pas désespérer, la sainteté n’est pas un but inaccessible auquel on tend, c’est déjà présent dans notre vie. Il y a en chacun de vous chers frères et sœurs toutes les ressources pour être saint, c’est déjà là. Il faut simplement apprendre à puiser à la bonne source, à enlever ce qui empêche la graine de grandir et alors elle grandira d’elle-même.  

Deuxièmement, cela doit nous aider à ne pas nous comparer. Certains reçoivent plus de « talents » que d’autres. Quand on voit la vie de certain on s’aperçoit qu’ils ont reçu de nombreuses grâces. Chacun reçoit selon ses capacités. Mais le nombre de grâce ne dit pas la sainteté. La sainteté consiste à déployer les grâces reçues, à les travailler, ce qui est très différent. En définitive, le critère pour savoir si on est saint est simple, il s’agit de la joie. Les serviteurs fidèles n’ont pas d’autres récompenses que celle-ci.

Quel image avons-nous de Dieu ?

Ainsi, plutôt que de lorgner sur la vie des autres, il nous faut plutôt nous demander, quelle est la grâce propre qui m’a été donnée et que je n’ai pas encore fait pas fructifier. Est-ce qu’il y a un sacrement, un événement fort avec le Seigneur que j’ai vécu et dont je n’ai pas fait porter tous les fruits ? Voilà peut-être une question que nous pouvons nous poser cette semaine : qu’est-ce que le Seigneur ma donnée comme grâce que je suis appelé à déployer ?

Chers frères et sœurs, Dieu exige de nous que nous soyons des saints et nous sommes invités à accueillir cette exigence avec confiance. Dieu véritablement nous fait à chacun ce don de la sainteté, croyons-nous en sa bonté ?  

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