Dimanche 19 juillet-Seizième Dimanche du Temps Ordinaire

La patience de Dieu

Introduction

« Est-ce que je dois intervenir ? » voilà en résumé une question que l’on m’a faite cette semaine. Cette question nous pouvons nous la poser bien souvent dans des situations où nous percevons que des personnes n’agissent pas bien. « Est-ce que je dois intervenir ? », autrement dit, est-ce que je dois agir activement pour enlever ce mal ?  Aujourd’hui, dans l’évangile Jésus nous apprend une attitude possible, une attitude que Dieu : la patience. Cette attitude n’est pas l’unique, il ne faut pas en faire un absolu, néanmoins elle est bien une attitude très concrète que nous sommes invités à avoir.

Le constat de la Parabole

La parabole part d’un constat : il y a de la bonne et de la mauvaise herbe qui poussent en même temps : « un homme a semé de belles semences dans son champ, mais pendant la nuit son ennemi a semé de l’ivrai ». Quand la bonne herbe pousse et que le bon fruit arrive, alors apparaît en même temps aussi la mauvaise herbe. Ainsi, dans un même champ coexiste deux plantes radicalement différente et pourtant très difficile à séparer l’une de l’autre.

Or ces deux plantes symbolisent le bien qui vient de Dieu et le mal qui vient du diable. Si le champ représente notre cœur de l’homme, cela revient à dire que Jésus constate que grandit en même temps dans notre cœur du bien et du mal. Je crois que chacun d’entre nous peut, en effet, faire l’expérience d’être tiraillé entre le bien et le mal, d’être capable à la fois du meilleur comme du pire.

Le cœur de la parabole : la patience de Dieu

Vient alors la question des serviteurs qui est en fait la question de la parabole : « veux-tu que nous allions l’enlever ? » Chers frères et sœurs il s’agit d’une question fondamentale que nous avons tous un jour à nous poser : comment se comporter vis-à-vis de l’ivraie, c’est-à-dire de la présence du mal au cœur du bien ?

Dans la parabole la réponse de Jésus est très claire = « Non ! » Jésus : ordonne de ne pas intervenir, pour une raison bien précise : « en enlevant l’ivraie, vous risquez d’arracher le blé en même temps ».

Jésus par là nous révèle la « patience » de Dieu à notre égard. Il peut, en effet, nous arrive de nous demander pourquoi Dieu n’intervient pas plus contre le mal. Lui qui est « tout puissant », pourquoi accepte-t-il de laisser faire autant de mal dans le monde ? Par sa parabole Jésus apporte une réponse importante. Si Dieu n’intervient pas, ce n’est pas parce qu’il ne le pourrait pas, ni parce qu’il serait insensible mais au contraire en raison de son amour pour nous. Bien et mal étant si mêlée en nous il est impossible de vouloir enlever seulement le mal, sans porté préjudice à la croissance aussi du bien.

Chers frères et sœurs nous pouvons le pressentir au travers de notre expérience du quotidien. Si on nous demande d’être parfait et qu’on tolère de nous aucune erreur alors bien souvent, plutôt de nous améliorer nous sommes au contraire pétrifiés et nous n’avançons plus. Pour qu’une personne s’améliore, il faut bien souvent accepter de ne pas lui faire remarquer tous ces défauts. Grandir dans le bien suppose, en effet, un espace suffisant que toute pression excessive contre nos penchants mauvais ne permet pas. Dit autrement, un chemin chrétien trop exclusivement centré sur la recherche d’éviter le mal, ne permet pas de grandir dans le bien.

Les fausses patiences

Cette découverte de la patience de Dieu, nous aide à mieux comprendre ce que veut dire être patient dans notre vie de tous les jours. Et tout d’abord, cela nous permet d’éviter les mauvaises compréhensions de ce qu’est être patient.

Premièrement nous assimilons trop souvent la patience à un trait de caractère. Être patient serait être calme, doux, peu intervenir. Faisons attention, qu’être patient n’est pas d’abord une question de caractère. Être patient cela se choisit pour le bien des autres, il s’agit d’un acte de charité positif. On peut être discret et faire peu de reproches aux autres pour de toutes autres raisons que la patience. Parfois, de tels attitudes peuvent sont causées plus par la peur que par la charité : si je n’interviens pas beaucoup c’est par peur de la réaction des autres et de la gêne que cela peut me causer.

Deuxièmement, être patient ne signifie pas ne plus discerner s’il faut intervenir ou non. En effet, dans la parabole l’homme qui a semé répond non aux serviteurs, mais ce n’est pas un non définitif, il s’agit de laisser pousser jusqu’au temps de la moisson. Il y a bien un temps où il s’agira d’intervenir pour enlever l’ivraie. Quand Jésus parle du temps de la moisson, il utilise un terme grec très précis (le « kairos ») qui signifie, le temps favorable, le temps opportun, et d’une manière plus général le temps choisi par Dieu pour intervenir. Autrement dit, je ne peux pas faire de la non-intervention un principe absolu. Il s’agit bien de discerner, de demander à Dieu, si le temps de la moisson, le temps de séparer définitivement le bien du mal est venu ou non.

Le véritable ingrédient de la patience

On est patient à l’image de Dieu lorsqu’on accepte de ne pas intervenir, de ne pas faire de remarques aux autres pour leur bien, pour permettre que le bien en eux continue de grandir et que notre intervention ne brise pas leur élan. Cela suppose de rechercher activement le bien de l’autre, et donc d’une certaine manière le contraire d’une attitude passive.

Être véritablement patient est très difficile. Comme je l’ai déjà dit, cela n’est pas d’abord une question de caractère mais de charité. Cela suppose, en fait, un ingrédient indispensable l’espérance. Dans la parabole l’homme qui a semé a une confiance extraordinaire dans le bon grain. Pour accepter de laisser l’ivraie grandir il doit être certain que le bon grain va continuer de croitre malgré la présence de cette mauvaise herbe. Il en est de même pour nous, seules les personnes qui ont une forte espérance peuvent être patient. En effet, pour accepter de ne pas faire de remarques à quelqu’un il faut croire que le bien en lui va continuer à grandir malgré ses défauts. Il faut être plein d’espérance.

Conclusion

Comment être véritablement patient ? C’est-à-dire comment avoir suffisamment d’espérance pour être capable de laisser grandir en l’autre à la fois le bien et le mal, certain que le bien sera plus puissant. Il me semble que la seule manière de pouvoir grandir dans cette patience-là, celle de Dieu est de faire l’expérience d’en être soi-même bénéficiaire et pour cela changer notre perception du temps. Si nous avons du temps, cela veut dire que Dieu tolère nos défauts, que son juste jugement sur nos œuvres ne s’exerce pas tout de suite. Oui chers frères et sœurs, si le temps que nous avons chaque jour est une preuve de la patience de Dieu à notre égard, de son amour. Malgré nos fautes nous avons du temps ! Alors apprenons à en donner aussi à ceux qui nous entoure.

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