Dimanche 21 juin

Introduction

Chers amis, ces derniers temps j’ai rencontré à plusieurs reprises des personnes qui avaient beaucoup de mal avec le sacrement de réconciliation. Cela est toujours interpellant, car le sacrement de réconciliation est un renouvellement de notre baptême. Si, donc, nous avons du mal avec la confession cela n’est pas sans lien avec notre baptême, qui est pourtant la porte d’entrée, le cœur de notre vie chrétienne.

Il peut y avoir de multiples raisons qui nous font rejeter ce sacrement. Je retiendrai seulement deux que j’ai entendu régulièrement. Tout d’abord, je peux avoir du mal à vivre ce sacrement car je ne vois pas quel péché j’ai commis, et j’ai l’impression de n’avoir pas grand-chose à dire. Ensuite, et ce n’est pas sans lien avec la première raison, je peux aussi avoir l’impression que j’ai fait de mon mieux et donc qu’il serait très culpabilisant de devoir aller se confesser.

Ce matin, je voudrai revenir sur ces réticences, car nous avons entendu dans la seconde lecture un passage clé de la lettre aux Romains. Cet extrait, qui a marqué l’histoire du christianisme, revient sur deux expériences fondamentales de notre vie chrétienne, sur notre vie de baptisée. L’expérience d’une humanité blessée et l’expérience de la grâce.

l’expérience d’une humanité blessée

Nous faisons, en effet, l’expérience que notre humanité est blessée. Cette expérience saint Paul l’a décrite lorsqu’il affirme que « par un seul homme, le péché est entré dans le monde » et plus loin « étant donné que tous ont péché ». Au travers de ces mots, saint Paul évoque ce qui a été appelé le « péché originel ».

Cette expression peut évoquer beaucoup de choses, simplement je voudrai vous rappeler que 1/ cette expression « bizarre » qui a été inventé par l’Église n’est pas un concept compliqué, mais bien une expérience spirituelle, et une expérience commune, que tout le monde peut faire. En effet, 2/ le péché originel est bien plus que seulement le péché d’Adam et Eve qui ont mangé le fruit de l’arbre défendu. Nous pouvons tous faire l’expérience de cette réalité dans notre vie.

Cette réalité est que l’humanité qui nous a été transmise est une humanité blessée, et particulièrement blessée au niveau de notre volonté.

La double blessure de notre volonté

Notre volonté est, en effet, doublement blessée. Elle n’est ni toute puissante, ni clairvoyante.

Nous pouvons tous faire l’expérience que notre volonté n’est pas toute puissante. Saint Paul a décrit cette expérience lorsqu’il affirme : « je ne fais pas le bien que je voudrai faire, et je fais le mal que je ne voudrai pas faire ». Combien de fois, il m’est arrivé en ce sens d’entendre des personnes dire : « je voudrai faire le bien mais je n’y arrive pas ! » Par là, nous faisons l’expérience que notre volonté n’est pas toute puissante, que j’aurai beau décider d’être parfait cela me sera concrètement difficile de le devenir.

Nous faisons aussi l’expérience que notre volonté n’est pas clairvoyante, c’est-à-dire que nous ne voulons pas naturellement ce que Dieu veut. Hergé dans l’une de ses bandes dessinées l’a décrite avec humour. Le chien Milou doit porter un message. Or, sur son chemin il tombe sur un gros os. Apparaît alors un petit diable et un petit ange, le premier lui suggère de laisser tomber son message pour profiter de cet os, le second l’encourage à porter fidèlement son message. Qui d’entre nous n’a pas fait lui-même une expérience semblable : celle d’être tiraillée entre plusieurs désirs, d’avoir en lui-même des énergies qui ne le poussent pas dans le sens de la volonté de Dieu.    

L’expérience de la grâce

Tout ce que je viens de vous dire a pour but de relever ce point plus important, plus central dont parle saint Paul : l’expérience de la grâce. Cette expérience est plus fondamentale et cela est très important de l’affirmer. Dans la vie chrétienne on ne parle du péché qu’en étant d’abord sous le regard bienveillant de Dieu. Saint Paul parle de la grâce en affirmant : « Il n’en va pas du don gratuit comme de la faute. En effet, si la mort à frappé la multitude par la faute d’un seul, combien plus la grâce de Dieu s’est elle répandue en abondance sur la multitude, cette grâce qui est donnée en un seul homme, Jésus Christ ».

La grâce est l’action de l’amour de Dieu en nous. Par ses paroles, saint Paul nous annonce cette bonne nouvelle : la grâce est plus contagieuse que le péché. Si par un seul homme toute notre humanité a été blessée, combien plus par le don d’un seul elle sera restaurée.

Et voilà le point le plus essentiel, le pardon de Dieu, son amour pour nous, n’est pas là simplement un amour qui fait la paix, qui nettoie une ardoise : le pardon de Dieu guérit et restaure. En accueillant son pardon nous retrouvons notre humanité telle que Dieu l’a créée. Le pardon de Dieu nous permet donc de retrouver une capacité de vouloir ce que Dieu veut. Au fur et à mesure qu’il nous sera fait miséricorde notre volonté s’unifiera dans la volonté de Dieu : nous ne serons plus tiraillés mais nous voudrons ce que Dieu veut. Et non seulement nous voudrons ce que Dieu veut mais en plus nous retrouverons la liberté, la capacité de le faire.

Le sacrement de réconciliation

Chers amis, une des phrases que j’ai le plus entendu au sujet de la confession au début de mon ministère est « que pour moi vous comprenez père c’est particulièrement difficile ». Oui, oser faire la démarche de se réconcilier avec Dieu est une démarche difficile qui nous oblige à un travail, celui de reconnaître que notre humanité est blessée.

Cependant, si je vous ai parlé de tout cela c’est que dans ce sacrement nous pouvons trouver la joie, la très grande joie de retrouver la capacité de vouloir et de faire le bien. Cela n’est pas automatique, cela prend du temps, mais oui dans le pardon de Dieu nous aurons, si nous sommes fidèles, si nous le recevons régulièrement, la joie d’expérimenter une restauration de notre humanité.

Voilà ce que je souhaite pour chacun d’entre vous. Prenons conscience de cette bonne nouvelle que la grâce du Seigneur est bien plus surabondante que toutes les blessures que l’humanité pourra s’infliger et osons nous présenter à Dieu pour lui demander pardon. Amen

Père Marc Monrozier

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