Jeudi 21 mai

Aujourd’hui, Jésus Ressuscité, se montre pour la dernière fois à ses Apôtres. Nous attendons son retour à la fin de l’histoire et nous célébrons sa montée auprès du Père.

L’Ascension est la fin d’une histoire mais elle n’est pas la fin de l’histoire. Elle est la fin de la présence physique de Jésus dans l’humanité.

Cette histoire avait commencé lorsque l’ange Gabriel était venu annoncer à Marie que l’Esprit Saint la couvrirait de son ombre et quelle deviendrait la Mère du Sauveur. Ainsi, lorsque cette naissance se produisit, en la personne de ce petit homme, Dieu était avec nous, c’était le sens de son nom : Emmanuel, ″Dieu avec nous ».

Trente années plus tard, et pendant trois ans, Jésus, ″Dieu avec nous″ a parcouru la Palestine, rassemblé des disciples, choisit ses Apôtres, prêché et fait des miracles. Puis, il fut arrêté, condamné et mis à mort.

C’est alors que tout prenait son sens. Il fut mis au tombeau, et le troisième jour, la Résurrection éclata. Pendant quarante jours, il se montra vivant aux Onze et acheva leur formation d’Apôtres de son Eglise.

Aujourd’hui, tout cela est accompli, Jésus monte vers le Père : le voilà, nous dit Saint Paul, « établi au-dessus de tout être céleste : Principauté, Souveraineté, Puissance et Domination, au-dessus de tout nom que l’on puisse nommer, non seulement dans le monde présent mais aussi dans le monde à venir. »

Il est le premier homme à ressusciter, le premier né d’entre les morts, il a vaincu la mort. Il est Celui en qui se réalise parfaitement la vocation de tout être humain : être avec Dieu.

La Résurrection, l’Ascension, nous y croyons, mais comment notre foi peut-elle être plus forte et vivante ?

Eh bien, regardons l’expérience des Onze, telle que nous l’avons entendu au début du Livre des Actes des Apôtres. Luc nous fait participer aux tout derniers instants de Jésus au milieu d’eux.  

Le Seigneur Ressuscité vient de leur parler du Royaume, puis il leur annonce que bientôt, ils seront baptisés dans l’Esprit Saint.

Ils lui demandent alors : « Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le royaume pour Israël ? »

Cette question nous surprend, nous serions tentés de dire : « ils en sont encore à ce messianisme temporel ! » C’est vrai, ils sont incapables de concevoir un Royaume spirituel. Selon eux ce Royaume devrait mettre de l’ordre sur terre, et, en premier lieu les délivrer de l’envahisseur romain.

Ceux qui, à toutes les époques, de toutes les sensibilités, essayent d’identifier le Royaume avec un système ou un parti quel qu’il soit, font comme eux : du messianisme temporel.

Jésus répond aux Apôtres qu’il y a là un secret qui n’appartient qu’au Père ; et il continue : « vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. »

Les Apôtres, comme nous, n’y comprennent rien. Mais voilà qu’ils vont être investis d’une mission qu’ils ne seront capables d’exercer que parce qu’ils recevront l’Esprit de Dieu.

Mais c’est justement grâce à leur incapacité propre qu’ils seront forts, parce que, à travers eux, c’est l’Esprit Saint qui continuera l’œuvre de création. C’est l’Esprit Saint qui permettra à tout homme de répondre à sa vocation universelle, de devenir saint, c’est-à-dire, d’être avec Dieu.

C’est pour cela que Jésus les envoie :

« Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez ! De toutes les nations faites des   disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »

Faites des disciples : des baptisés qui accueilleront l’Esprit saint, qui écouteront la Parole de Dieu, qui suivront le Christ et son enseignement, des baptisés investis de la puissance incomparable que Dieu déploie pour les croyants : « l’énergie, la force, la vigueur qu’il a mise en œuvre dans le Christ… »

Les Apôtres sont dépassés par les événements, leur foi est au-delà de la connaissance humaine, leur activité est au-delà de leur capacité. Leur mission c’est d’agir au-delà d’eux-mêmes, afin d’être des instruments en vue de l’accomplissement de la vocation de tout homme : être avec Dieu.

Cette expérience des Apôtres nous aide à comprendre les difficultés de leurs successeurs, les évêques, dans leur ministère actuel. Ils sont dans le monde où ils doivent annoncer la Parole de Dieu quand bien même elle n’est pas reçue, quand bien même elle reste étrange. Comme les Apôtres, ils peuvent se sentir dépassés par les événements, les défis d’aujourd’hui. Au nom de l’Evangile, ils doivent promouvoir une écologie intégrale au service de la sauvegarde de la Maison commune, défendre la dignité de la vie humaine depuis sa conception jusqu’à la mort naturelle, la dignité de tout homme, de tous les hommes et de tout l’homme. Au nom de l’Evangile ils doivent s’exprimer pour dénoncer les exclusions, l’idolâtrie de l’argent, les disparités sociales qui engendrent les violences, la culture de mort, la culture du rebut, autant de réalités qui sont des entraves à l’accomplissement de la vocation de tout être humain : être avec Dieu.

Nous comprenons aussi ce que nous pouvons demander aux évêques et à leurs prêtres : la vie de l’Esprit avec tous les renouvellements et toutes les purifications qu’elle entraîne. Cette vie de l’Esprit qui est donnée dans l’Eglise, Corps dont le Christ est la tête, nous dit Saint Paul. Nous avons à leur demander la Paix du Christ ancrée dans la foi en sa résurrection, source d’espérance au cœur des épreuves. Demandons-leur cela, en vue de l’accomplissement de notre vocation : être avec Dieu.

Enfin, grâce à l’expérience des Apôtres, nous percevons comment notre foi peut être plus forte et vivante : elle l’est quand elle n’a plus besoin d’être rassurée par une efficacité quelconque, quand elle trouve sa propre énergie en elle-même, quand elle se délivre des messianismes temporels. Il ne nous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa propre autorité.

L’Ascension n’est pas la fin de l’histoire, le Christ Ressuscité, à jamais vivant, partage la vie trinitaire avec l’Esprit Saint, il est là où tout homme est appelé : auprès du Père.

Et, bien que nous attendions son retour, Jésus n’a pas mis une pancarte ″absent pour cause d’Ascension″, non, il demeure Emmanuel, ″Dieu avec nous″ :

« Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »

P Thierry Coquard

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