Chers frères et sœurs,
Jésus-Christ est-il l’inventeur des « gestes-barrières » et de la « distance sociale » ? On pourrait le croire en l’entendant dire « Ne me retiens pas » – littéralement « Ne me touche pas » – à Marie-Madeleine. A elle qui désirerait tellement le serrer dans ses bras et le retenir pour toujours, il signifie qu’il doit partir, qu’elle ne peut pas mettre la main sur lui.
Ce faisant, Jésus ne se montre pas violent à l’égard de Marie-Madeleine, mais il l’invite à entrer dans une attitude de foi. La foi consiste à ne pas être propriétaire de ce en quoi l’on croit, ni de celui en qui l’on croit, mais à le chercher sans cesse, fidèlement, humblement. Les apparitions du Christ ressuscité sont presque toutes bâties sur le même modèle : Jésus vient parmi ses amis, et ceux-là peinent à le reconnaître, tant ils sont tournés vers leur chagrin ; puis, par un geste, par un mot, il se fait reconnaître ; alors, au moment où les disciples comprennent, il part. Il veut désormais, entre lui et nous, une relation exigeante, dans laquelle c’est l’amour qui nous permet de vivre auprès de Lui, et pas seulement une preuve matérielle de la résurrection…
Pour nous qui sommes dans la peine d’être à distance physique les uns des autres, c’est peut-être dur à entendre. Et cependant, nous voyons que nous suppléons à l’absence de contact physique par tant de messages, d’appels téléphoniques, de communication par internet, dans lesquels nous osons nous dire combien nous tenons les uns aux autres, ce qui, avons-le, n’est pas si fréquent. Hier soir, le Président de la République annonçait la poursuite du confinement jusqu’au lundi 11 mai. Ce sera presque la Pentecôte, jour du courage de témoigner, comme nous le dit la première lecture ! Du début du carême au temps de l’Esprit Saint, que ce drôle de pèlerinage nous conduise à la rencontre du Ressuscité !
Amen.