Chers frères et sœurs,
Le chapitre 17 du livre des Actes des Apôtres nous offre un des plus magnifiques morceaux d’éloquence de toute l’Ecriture. A l’Aréopage d’Athènes, c’est-à-dire à l’endroit le plus symbolique de la culture méditerranéenne, Saint Paul déploie tout son génie et met en œuvre les leçons de théologie de ses professeurs. Ce faisant, il pose les bases de ce que sera l’art de la prédication chrétienne : un discours qui s’adresse à l’intelligence, qui part de ce que vit et connaît déjà son interlocuteur, et qui met le Christ au centre. Ainsi Paul, à partir de la mention du « dieu inconnu » sur un monument d’Athènes, déroule-t-il toute l’histoire spirituelle du peuple grec, et montre-t-il comment Jésus-Christ vient combler cette attente si ancienne.
Pourtant, à vues humaines, ce merveilleux prêche est un échec. L’auditoire de Paul, d’abord curieux, puis intéressé, puis captivé, se révolte soudain. Quand Paul évoque le Christ, tout va bien… jusqu’à ce qu’il évoque sa résurrection d’entre les morts. Cette idée à elle seule marque l’arrêt du discours : elle provoque la moquerie ou le départ des Athéniens. Le résultat est maigre : pour un discours si puissant, seule une poignée d’auditeurs se laisse toucher et deviennent les disciples de Paul. C’est dommage !
Que faut-il en conclure ? Il serait tenant de se dire que les Chrétiens, pour convaincre, doivent rester silencieux sur ce qu’il y a d’irrationnel dans le christianisme, sur ce qui pourra choquer l’auditoire ou lui déplaire. Pourtant, saint Paul lui-même n’aboutit pas à cette conclusion, bien conscient qu’en prêchant Jésus-Christ crucifié, il serait une source de « scandale pour les Juifs » et de « folie pour les païens ». Ce n’est pas grave. Comme dit Jésus dans l’évangile, il y a bien des réalités que nous ne pouvons pas « porter », c’est-à-dire comprendre et accepter, immédiatement. L’Esprit travaille chacun de l’intérieur pour le rendre capable de faire sienne la Bonne Nouvelle qui au début peut le rebuter si fort. Confiance et patience ! Petit à petit, l’Esprit de Dieu nous transforme…
Amen.
Père Martin Charcosset