Introduction
Aujourd’hui nous fêtons l’Annonciation, c’est-à-dire le moment où l’ange Gabrielle est venu annoncer à Marie qu’elle allait mettre au monde Jésus. On peut se demander pourquoi saint Luc, et l’Église à sa suite ont cru bon de retenir cet événement. En effet, celui-ci n’est-il pas un événement privé qui ne concerne que Marie : aucun d’entre nous n’aura un jour la chance de mettre au monde Jésus. Si saint Luc et l’Église ont retenu cet événement comme essentiel, s’il est bon de le fêter aujourd’hui, c’est que cet événement est un modèle qui reste encore valide pour nous aussi.
L’annonciation un modèle
En effet, à l’Annonciation nous voyons comment Marie a accueilli Dieu qui faisait irruption dans sa vie. Or, si contrairement à elle, nous ne serons jamais enceintes de Jésus, nous pouvons, en revanche, accueillir nous aussi Dieu dans notre vie. Dieu vient à nous bien sûr sous une d’autres formes, mais non pas moins réellement ! Ainsi de Marie nous apprenons ce que signifie accueillir Dieu. Aujourd’hui je souhaiterai que vous reteniez d’elle qu’accueillir Dieu dans sa vie c’est consentir à l’aventure !
La venue de Dieu est une aventure
Nous vivons une aventure lorsqu’il y a de l’inattendu dans notre vie, lorsque nous n’en maîtrisons plus tous les paramètres. Or, c’est bien cela que Marie a vécu. En effet, dans l’évangile nous voyons que Marie est « bouleversée » par la salutation de l’Ange : Marie a beau être parfaite elle est surprise par le message de Dieu, elle ne s’y attend pas. Par sa venue Dieu chamboule tous les projets de Marie : elle qui pensait bientôt vivre avec Joseph tranquillement à Nazareth la voilà bombardée mère du Sauveur. Quelle aventure !
Marie consent à cette aventure
Or Marie consent à cette aventure : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole ». Marie accepte que sa vie ne soit pas comme elle l’a décidé mais comme Dieu l’a décidé, ce qui revient à accepter de ne plus la maîtriser totalement. Cependant, ce consentement n’est pas l’acceptation passive de quelqu’un qui manquerait de personnalité. Nous voyons, au contraire, comment Marie est pleinement active. Elle ose poser une question à l’ange : « Comment cela va-t-il se faire, puisque je ne connais pas d’homme ? », elle cherche à coopérer à ce que l’ange lui annonce.
Pour entendre Dieu il faut consentir à ne plus maîtriser sa vie
Chers amis si l’Annonciation est donc bien un modèle pour chacun d’entre nous, cela signifie que lorsque Dieu fait irruption dans notre vie cela nous plonge aussi d’une certaine manière dans une aventure. Or, cela nous demande une grande conversion. Nous souhaitons tous, en effet, que Dieu entre dans notre vie, qu’il nous parle directement. Mais qui d’entre nous est prêt à ne plus maîtriser sa vie ? Marie nous apprend donc aujourd’hui que vouloir entendre Dieu signifie aussi consentir à entrer dans une aventure, consentir à ne plus maîtriser tout à fait sa vie.
L’exemple de Bernadette
Pour en prendre mieux conscience relisez la vie des saints. J’ai notamment un faible pour sainte Bernadette. Combien de fois n’ai-je pas entendu des enfants soupirés : « elle a eu la chance de pouvoir entendre et voir la Vierge Marie ». Mais si Bernadette a eu la chance de voir Marie, et au travers d’elle que Dieu entre dans sa vie, la conséquence, la conséquence directe est qu’à partir de cet instant elle n’a plus pu maîtriser sa vie.
Conclusion
Voilà pourquoi chers amis, une dimension de la vie chrétienne consiste à apprendre à consentir que notre vie devienne une aventure, et aujourd’hui particulièrement de ce confinement qui nous est imposé. Alors, attention, une maladie est un mal ! Cela n’a rien à voir avec ce que Marie a vécu. Cependant, d’un mal Dieu peut tirer un bien. Nous avons été plongés violement dans une aventure, cela nous ne l’avons pas choisi. Ce que nous pouvons en revanche choisir c’est de consentir à cette aventure, c’est-à-dire comme la Vierge a mettre nos énergies à chercher à collaborer à l’œuvre de Dieu, en lui faisant confiance, certain qu’il nous accompagne.
Père Marc Monrozier