Quand Jésus parle du monde, dans l’Evangile de Saint Jean, cela peut évoquer deux réalités différentes.
Il peut être question de la Création, de la maison commune, de la terre, des hommes et des créatures qui la peuplent, et que Dieu veut sauver par son Christ.
Mais il peut aussi s’agir – et c’est le cas dans le passage que nous méditons aujourd’hui – du monde du rejet, c’est-à-dire de l’ensemble de ceux qui s’opposent au message de Jésus, et donc à la volonté du Père.
Jésus parle d’eux à la fin de notre passage : « Ils ne connaissent pas Celui qui m’a envoyé. »
C’est pour eux que Jésus, du haut de la Croix, qui est le point culminant du rejet, implore le Père : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. »
Ils ne savent pas, ils ne connaissent pas, ils rejettent, ils insultent, ils persécutent, ils crucifient.
Et le Christ implore le pardon du Père pour eux ! Parce qu’ils ne savent pas.
Il est intéressant de remarquer que si l’Evangile du jour s’achève par cette méconnaissance, ce ″non savoir″, il commence par un appel du Seigneur lui-même adressé à ses disciples :
« Si le monde a de la haine contre vous, sachez qu’il en a eu d’abord contre moi. »
″Sachez″ : voilà un impératif, une injonction du Seigneur à l’endroit de ses disciples, afin qu’ils aient bien la connaissance que le monde a d’abord eu de la haine contre lui.
Puis Jésus continue : « Rappelez-vous la parole que je vous ai dite : un serviteur n’est pas plus grand que son maître. »
Entre le Christ et ceux qui lui appartiennent, il y a un destin commun. Ils ne sont pas ses serviteurs, mais ses amis, cependant qu’il est bel et bien, lui, le Seigneur et le Maître.
Oui, le Seigneur nous enseigne que le chemin du disciple devra être identique au sien, un chemin vers la Gloire en passant par la Croix, un chemin d’abandon de toute mondanité, de détachement des choses terrestres, un chemin de dépouillement.
Ce que le monde du rejet, ne supporte pas, ce qu’il reproche aux disciples du Christ, c’est d’aborder l’existence avec des critères, des convictions, et des perspectives qui ne sont pas les siennes : l’argent roi, le libéralisme effréné, le non-respect de toute dignité humaine depuis la conception jusqu’à la mort naturelle, sans distinction de culture ou de frontière.
Le véritable disciple qui vit dans le monde, n’est pas du monde. Mais n’allons pas trop vite à chercher le monde qui rejette l’Evangile hors de nous-mêmes, hors de nos communautés, car il y a toujours à purifier, à réformer.
Ne pas être du monde, être arrachés du monde, être mis à part, c’est ce qui nous arrive avec notre baptême. Mais rien n’est acquis, nous avons toujours besoin de nous conformer au Seigneur. Demandons-lui de nous délivrer de toutes nos mondanités, sociales, sociétales, ecclésiales et spirituelles.
Amen
P Thierry Coquard