Chers frères et sœurs,
Alors que l’on apprenait hier que le confinement était prolongé de quinze jours, et que nous serions donc privés de fêter la Semaine Sainte et Pâques dans nos églises, avec nos familles et nos communautés paroissiales, une autre image, pleine d’espérance, nous était donnée : seul, devant la Place Saint Pierre vide, le Pape François priait devant un grand crucifix du XVème siècle devant lequel, en 1522, les Romains avaient demandé au Seigneur d’arrêter l’épidémie de peste. Puis, seul devant la Place Saint Pierre balayée par l’orage, il a béni avec l’ostensoir la Ville et le monde – Urbi et orbi, selon la formule consacrée. Singulière image du Christ, seul, désarmé, faisant face à la tempête.
Dans l’évangile de ce samedi, la tempête se soulève aussi, de partout, contre Jésus. Le complot contre lui se referme peu à peu, comme une nasse autour d’un poisson. Pourtant, une fois de plus, ça ne marche pas : inexplicablement, les ennemis de Jésus ne parviennent pas à mettre la main sur lui. Et ce n’est pas la première fois. Déjà, au début de l’évangile, lorsqu’à Nazareth sa prédication avait enflammé la colère des foules et que celles-ci voulaient le jeter d’une falaise, il avait paisiblement échappé au danger : « passant au milieu d’eux, il allait son chemin » (Lc 4, 30) Hier encore, alors qu’il venait d’arriver à Jérusalem, « on cherchait à l’arrêter, mais personne ne mit la main sur lui, parce que son heure n’était pas encore venue. » (Jn 7, 30)
Si les soldats envoyés pour se saisir de Jésus n’y arrivent pas, c’est, disent-ils, que « jamais un homme n’a parlé de la sorte ! » Eux-mêmes, des païens, font l’expérience de tant et tant de ceux qui ont un jour croisé la route du Christ : il a « les paroles de la vie éternelle » (Jn 6, 68), où donc aller, sinon vers lui ? Pourtant, Jésus ne fait pas d’effet de manche, il n’entourloupe personne par de beaux discours. Mais il parle vrai. Il touche au cœur. Il parle avec les mots de tout le monde, mais comme personne… Il utilise la langue commune, mais ce qu’il dit a une épaisseur incroyable. Comme le dit le psaume de ce jour, par sa bouche, c’est « l’innocence qui parle » : et c’est pour cela qu’on l’écoute.
Profitons de notre confinement pour écouter ce que Jésus a à nous dire. En dépit de tous les dangers du monde, rien ne peut le faire taire : il est souverainement libre, et le suivre, c’est devenir libre avec lui, comme lui. Et cela, rien ni personne ne pourra nous l’enlever.
Amen.
Père Martin Charcosset