Vendredi 15 mai

Chers frères et sœurs,

Il y a bientôt cinquante ans, le Père Marie-Joseph Le Guillou publiait un livre intitulé Celui qui vient d’ailleurs, L’Innocent : une très belle méditation sur la figure du Christ dans sa Passion et dans sa Résurrection. En ce temps pascal où nous prenons conscience de qui est vraiment Jésus, ce titre me semble spécialement porteur de sens. Jésus est l’Innocent, le pauvre, celui qui n’a rien fait de mal mais qui porte les péchés du monde, à notre place, par amour : seuls ceux qui ont le cœur pur pourront le comprendre. Il est celui qui vient d’ailleurs, celui qui vient du Père et qui nous mène à lui, ouvrant par son Esprit, dans notre vie, des chemins insoupçonnés : seuls ceux qui ont le cœur pur pourront les découvrir.

Dans le discours de Jésus à ses disciples, où il les enseigne sur le commandement de l’amour, nous retrouvons l’Innocent qui explique à ses amis qu’un ailleurs les attend. Après la Pentecôte, ils vont être envoyés aux quatre coins du monde, dans des pays dont ils n’ont jamais entendu le nom, pour annoncer l’évangile dans des situations dont ils n’ont même pas idée. Dans la logique du Christ, ses Apôtres ne choisissent pas leur mission, ils la reçoivent, ils se laissent faire, ils le laissent les envoyer où il veut, comme il veut.

Et l’Eglise, depuis deux mille ans, continue cette logique, comme le montre bien la première lecture : « les Apôtres et les Anciens, (…) avec toute l’Église », discernent, appellent, envoient, comme eux-mêmes ont été discernés, appelés, envoyés. Avec confiance et « bon courage », l’Eglise trace sa route, sur les pas de l’Innocent, vers l’ailleurs où il la précède.

Permettez-moi de terminer en citant quelques mots du Père Le Guillou :

Seul l’Amour fait lever l’amitié entre les hommes !
Seul il révèle toute l’épaisseur concrète de la charité !

La défense du pauvre, elle, est au niveau de l’Innocent, au niveau de l’amour humilié et blessé à mort. Tous les systèmes sociaux les plus perfectionnés laisseront toujours échapper l’essentiel, la liberté de l’Esprit qui, à travers un regard de miséricorde, peut ouvrir en tout être les profondeurs de Dieu ! (…)

L’Innocent,
celui qui ne se laisse reconnaître que par la lumière intérieure,
celui dont la splendeur est cachée, enfouie dans le secret,
celui dont le trésor est merveilleusement invisible,
pour qui n’a pas de recul dans la lumière de Dieu,
celui qu’on peut piétiner, parce qu’apparemment il n’est rien,
celui qu’on peut mépriser, comme on méprise l’amour,
celui qu’on peut condamner, lui qui ne riposte pas,
celui qui nous révèle le creux de notre cœur,
celui qui regarde d’en haut (…) et de si proche, parce qu’il nous aime.

L’Innocent, celui qui récapitule en lui tout le secret du monde.

Amen.

Père Martin Charcosset

Accès rapides

Le denier

Newsletter

Recevez les dernières actualités et la feuille d'informations directement dans votre boîte mail.

🍪

Ce site utilise des cookies pour améliorer votre navigation.