Chers frères et sœurs,
« Des sous pour la paroisse, des sous ! » Les questions d’argent ont rarement bonne presse, et plus encore quand il s’agit d’argent à l’usage de l’Eglise. Le récit des marchands chassés du Temple par Jésus sert bien souvent à dénoncer la place que les finances prennent dans la vie des disciples du Christ, qui devraient « s’occuper d’autre chose ».
Certes, le danger est réel que l’argent exerce sur les Chrétiens une influence plus grande qu’il ne le faut, et même qu’elle ait une emprise dangereuse. Mais il ne semble pas très sain non plus de rêver d’une Eglise tellement pure et séparée des questions matérielles qu’elle vivrait dans un arrière-monde, sans prise avec la réalité de la vie des hommes. C’est parce que l’Eglise n’est pas une affaire de purs esprits que les questions de sous existent aussi dans sa vie, et qu’il est bon de les traiter à la juste distance.
Jésus ne s’en prend aux marchands du Temple de Jérusalem, ce « service public » indispensable pour le culte – il fallait bien avoir un lieu où se procurer les animaux qui devaient être sacrifiés – que dans la mesure où la perspective du profit l’emportait sur celle de la louange de Dieu. Quand Dieu n’est plus un but, mais un prétexte à nos petits business, une remise à niveau s’impose, et un geste symbolique, prophétique, en souligne l’urgence.
En ce temps de confinement, les marchands et les églises sont fermés. Une occasion de nous rappeler que le Temple dont parlait Jésus, c’était son Corps, et que par le baptême, le Temple, c’est nous. Un grand ménage d’automne ne peut que nous être profitable ! Amen.