Introduction
Chers amis, pendant cette période particulière que nous vivons, il y a eu dans notre ensemble paroissial plusieurs décès tragiques, non liés au COVID. Face à de telles détresses nous restons bien souvent sans voix. En tant que chrétien nous pouvons prendre exemple de saint Paul qui nous invite à pleurer avec ceux qui pleurent, plutôt que de donner une explication toute faite, apprise dans un manuel. Cependant nous pouvons tout de même nous poser pour nous-mêmes cette question : quelle attitude avoir dans de telles situations de détresse. La réponse chrétienne est celle de l’espérance. Cependant ne nous savons pas toujours bien ce que représente ce mot. L’évangile d’aujourd’hui nous aide à mieux percevoir le contenu de cette espérance. J’en retiens trois aspects.
Une tension vers la joie
Dans l’évangile, nous sommes toujours dans le grand discours de Jésus après la Cène. Jésus au début de l’évangile annonce à ces disciples qu’après sa mort le « monde » (c’est-à-dire l’humanité en tant qu’elle s’oppose à Dieu) sera dans la joie et qu’eux, les disciples, seront dans la peine. La promesse fondamentale vient juste après : « mais votre peine se changera en joie ».
La première dimension de l’espérance est la certitude que notre peine actuelle est en tension vers une joie et donc que la souffrance et la mort ne sont pas le dernier mot.
Une tristesse féconde
Jésus poursuit en faisant une comparaison qui révèle un deuxième élément de l’espérance. La femme qui enfante est dans la peine parce que son heure est arrivée. Mais, quand l’enfant est né, elle ne se souvient plus de sa souffrance, tout heureuse qu’un être humain soit venu au monde ». La situation de tristesse des Apôtres est comparée à la situation d’une femme souffrant des douleurs de l’enfantement.
Cette comparaison est très audacieuse de la part de Jésus. En effet, quelle est la différence entre la souffrance d’une femme enceinte et celle que l’on ressent au départ d’un être proche ? La différence est que la souffrance de la femme enceinte est féconde, elle est un travail qui amène à un fruit, dont l’arrivée fait oublier toutes les peines ressenties auparavant. Par cette comparaison, Jésus annonce donc que la douleur ressentie à son départ est féconde, elle portera du fruit à l’image de la naissance d’un enfant. Jésus peut affirmer cela car lui-même en a fait la démonstration ultime : par sa mort il nous a sauvé.
Le deuxième élément de l’espérance est donc cette certitude que la souffrance que nous vivons maintenant peut être féconde, elle n’est pas nécessairement absurde, mais par elle un fruit peut advenir.
Un don gratuit
Mais Jésus poursuit : « vous aussi, maintenant, vous êtes dans la peine, mais je vous reverrai, et votre cœur se réjouira ; et votre joie, personne ne vous l’enlèvera ». Il est important de repérer une cassure dans la logique de l’évangile. Normalement, nous aurions attendu : « maintenant vous êtes dans la peine, mais vous me verrai et votre cœur se réjouira ». Jésus inverse : ce ne sont pas les Apôtres qui en premier le voient mais lui-même qui voit les Apôtres. Par cette inversion Jésus nous rappelle que la joie attendue dans l’espérance est un don.
Cette dernière parole vient compléter ce qui a été dit juste avant. Certes la souffrance peut être féconde, mais la joie attendue dans l’espérance chrétienne n’est pas simplement le fruit de la souffrance. Sinon nous serions volontaristes nous attendrions la joie de notre labeur, de nos efforts. Non, en définitive nous attendons la joie comme un don qui nous vient de Dieu.
Conclusion
Cet évangile nous permet donc de nous rendre compte de toute la richesse de l’espérance chrétienne. Elle n’est pas une simple méthode Coué, où nous attendons un bien être d’une attitude positive. De ce que nous venons de voir, nous pouvons maintenant affirmer qu’espérer c’est tout à la fois : oser croire à une issue heureuse et pour cela oser discerner dans les souffrances présentes une fécondité et oser attendre du Seigneur qu’il nous fasse le don de la joie.