Depuis quelques jours, nous lisons des passages de l’Evangile de Saint Jean qui rapportent la polémique entre Jésus et les autorités du Temple, principalement les pharisiens. Ces lectures peuvent nous sembler arides, difficiles à comprendre, peut-être trop intellectuelles. Pourtant elles accompagnent notre montée vers Pâque. Elles nous préparent avant que nous ne plongions dans le cœur du mystère pascal, dans le cœur de notre foi.
Faisons un petit exercice profitable : prenons un crayon de couleur et soulignons repérons toutes les fois où Jésus emploie l’expression « je suis » dans l’Evangile de Saint Jean. (Voilà de quoi occuper les enfants un dimanche après-midi).
Deux petits mots tout simples que nous utilisons à longueur de journée, sans même y prêter garde. Ils disent qui nous sommes : « je suis Isabelle …, je suis Maurice … » ; ce que nous faisons : « je suis ; infirmière …, je suis ingénieur … » ; dans quel état nous sommes : « je suis fatigué …, je suis heureuse … »
Eh bien, Jésus se découvre ainsi, peu à peu, et au fil de l’Evangile nous apprenons à le connaitre. Pas à pas, il nous dévoile des vérités essentielles au sujet de sa personne et les conséquences que cela a pour ceux qui l’écoutent :
« Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif. »
« Moi, je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la lumière de la vie. »
« Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra entrer ; il pourra sortir et trouver un pâturage. »
« Moi, je suis le bon pasteur, le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis. »
« Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra. »
Et Jésus nous apprend, toujours petit à petit, à découvrir Dieu, son Père et Notre Père :
« Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. »
« Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. »
Et au chapitre 8, nous découvrons la profondeur du mystère de Dieu, les liens qui unissent le Père et le Fils. Jésus témoigne de sa propre divinité.
Ce sont des « je suis » de Jésus qui apparaissent comme des sommets, au point qu’ils sont écrits en capitales d’imprimerie dans le lectionnaire (dans nos missels de semaine) :
« Si vous ne croyez pas que moi, JE SUIS, vous mourrez dans vos péchés. »
« Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous comprendrez que moi, JE SUIS. »
« Amen, amen, je vous le dis : avant qu’Abraham fût, moi, JE SUIS. »
Plongés dans la profondeur du mystère de Dieu nous devinons ces liens d’amour, et, comme une petite brise de Pentecôte, nous sentons la présence de la troisième Personne de la Sainte Trinité : c’est l’Esprit Saint, l’Esprit d’amour qui unit le Père et le Fils. Ces passages de saint Jean nous plongent au cœur de l’Amour pur, au cœur de l’Unité parfaite.
Des « je suis » de Jésus dans l’Evangile de Jean, il y en a plein d’autres.
Personnellement, il y en a un que j’affectionne tout particulièrement. Je le propose, en ces jours difficiles, aux familles endeuillées quand nous accompagnons celui ou celle qu’ils viennent de perdre au cimetière : c’est au chapitre 14, après qu’il ait lavé les pieds à ses disciples, quand il leur fait ses adieux, Jésus dit :
« Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi. »
« Je suis … vous soyez » : Dieu fait alliance avec nous. Comment ne pas avoir confiance avec une telle parole !
Oui, Seigneur, je ne suis pas digne, mais dis seulement une parole, dis seulement un « je suis » et je serai guéri.
On a même envie de continuer, au gré des autres Evangiles, tenez, un dernier pour la route : en Saint Matthieu :
« Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »
Comment ne pas avoir confiance ?
Oui, frères et sœurs : courage !
Et les enfants : à vos crayons de couleur !
Père Thierry Coquard