Vendredi Saint

Nous voilà au pied de la croix, et notre Roi est là, tel le serviteur de Dieu décrit par Isaïe, défiguré, sans beauté. Il ne ressemble plus à un homme, son aspect n’a rien pour plaire. Il est méprisé, abandonné, souffrant, compté pour rien, ignoré, oublié, comme une chose qu’on jette.

Il est pareil à celui devant qui on se voile la face, et c’est à peine si nous osons lever les yeux, tant le voir nous est insupportable.

En célébrant la Passion, ce Vendredi Saint, en temps de confinement, nous sommes, plus que les années précédentes, renvoyés à nos consciences.

Nous méditons sur la Passion du Seigneur, et nous comprenons que nous sommes complices de l’ignominie qui se trame.

Au pied de la croix, nos incohérences sont mises à nu. Nos démissions, nos arrogances, nos manques d’humilité sont confondus. Nos connivences avec les tromperies du monde, nos petits trafics minables sont démasqués. Tout ce que nous vernissons de fausse piété ou de mondanité spirituelle ne tient pas quand nous sommes, comme maintenant, devant la croix.

Le Christ nous en a retirés du monde pour nous faire entrer dans son Royaume et pourtant nous sommes dans le monde et nous comprenons ce qu’il y a de pesanteur en nous.

Alors nous restons là, et nous demandons au Seigneur de nous transformer, de changer nos cœurs.

Peut-être, qu’à l’instar de la foule qui observe le lynchage du serviteur de Dieu dans le Livre d’Isaïe, peut-être percevrons-nous, dans un mouvement de conversion, que ce sont nos souffrances qu’il porte, nos douleurs dont il est chargé.

Méditer la Passion, demeurer au pied de la croix en temps de confinement, cela  doit nous aider à vivre cette conversion. Cela doit nous rendre solidaires des croix multiples portées par l’humanité.

Mais notre regard doit aller au-delà des apparences, même si tout a le goût amer de l’échec.

Car derrière les apparences, le Christ est libre, c’est lui qui se livre, c’est lui qui s’humilie, c’est lui qui se dépouille lui-même, jusqu’à la mort, jusqu’à être compté avec les pécheurs, c’est lui qui remet sa vie en sacrifice de réparation, c’est lui qui a le dernier mot : « Tout est accompli. »

Dès l’arrestation de Jésus, nous découvrons que sa Passion n’est pas un drame tragique mais l’accomplissement de sa mission : nous faire avancer vers le Trône de la grâce, pour obtenir miséricorde et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours.

Les ténèbres semblent l’emporter, l’impuissance du Christ est apparente mais l’aube de sa victoire pointe déjà.

Restons silencieux et accueillons sa Mère qu’il nous donne en la donnant pour Mère au disciple bien-aimé.

Père Thierry Coquard

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