Mardi 10 novembre

Chers frères et sœurs, nous n’aimons en général pas beaucoup entendre cet évangile. En effet, il nous semble éloigné du ton habituel du Christ. Une première écoute rapide pourrait nous faire croire que Jésus veut nous révéler que Dieu n’est pas reconnaissant pour le travail que nous accomplissons. Il me semble que l’enjeux de l’évangile se trouve autre part, il n’est pas là pour nous parler de l’attitude de Dieu envers nous, mais plutôt de notre attitude vis-à-vis de lui. Le Christ souligne que nous ne pouvons pas entrer avec Dieu dans un rapport de donnant-donnant.

La sagesse

Pour cela, il utilise ce que dans la Bible souvent on appelle la Sagesse, c’est-à-dire la logique à hauteur d’homme. Jésus commence, en effet, en donnant un exemple humain : lorsqu’on est le serviteur d’un maître, avoir exécuté ses ordres est normal, on ne s’attend pas à une reconnaissance excessive, ce que nous avons fait correspond à notre situation « nous sommes de simples serviteurs ». Cette situation humaine Jésus l’applique à notre attitude à avoir vis-à-vis de Dieu : nous n’avons pas à attendre une récompense extraordinaire d’avoir obéis aux ordres à ses ordres, c’est « normal », cela correspond à notre situation vis-à-vis de lui : nous sommes ses créatures, il est notre créateur.

Sortir du donnant donnant…

Comme je vous le disais, il me semble que par-là Jésus veut nous aider à sortir d’une attitude de donnant-donnant avec Dieu, et plus particulièrement celle de vouloir acheter son paradis. En effet, l’image du travail aux champs et une image classique pour parler du travail pastoral des chrétiens. L’image du repas, quant à elle, est souvent utilisée pour parler du ciel. Or, pour le chrétien, il y a toujours un risque de faire les choses pour acheter les faveurs de Dieu. Je fais une bonne action en pensant gagner un nombre suffisant de points afin que Dieu me récompense en me permettant d’entrer au paradis.

Jésus rejette fermement cette logique marchande, elle ne correspond pas à notre rapport « naturel » avec Dieu. Qui d’entre nous oserait réclamer comme droit d’avoir un repas avec son maître quand il a exécuté ses ordres pendant la journée ? De même, nous aurons beau avoir exécuté tous les ordres de Dieu nous n’aurons pas pour autant un droit à entrer au paradis.  

…pour mieux redécouvrir la grâce

Cependant, l’évangile d’aujourd’hui, comme je l’ai affirmé, ne révèle pas l’attitude réelle que Dieu à vis-à-vis de nous mais il nous prépare en découvrir l’inattendu, l’inouï. Car justement Dieu n’agit pas comme un maître humain. Comme le révèle Jésus au moment de la Cène, le maître se fait serviteur. Ainsi, dans le même évangile de Luc, Jésus affirme à propos des serviteurs qui veillent : « Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis : c’est lui qui, la ceinture autour des reins, les fera prendre place à table pour les servir ». Cela est inouï, nous n’avons pas un droit à cela, c’est gratuit, et l’évangile d’aujourd’hui nous le rappelle.

Chers frères et sœurs, vouloir acheter son paradis est inutile, inutile car en faisant le bien nous ne faisons que notre devoir, inutile car pour y rentrer ce n’est pas d’abord à nous de faire quelque chose mais à Dieu, il est celui qui acceptant de nous laver les pieds nous permettra de pouvoir passer à sa table au ciel. Qu’une meilleure prise de conscience de qui nous sommes vis-à-vis de Dieu nous fasse accueillir avec une plus grande reconnaissance la grâce qu’il nous fait de se faire notre serviteur.

Père Marc

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